L'Amandier en fleurs, Bonnard, 1947

 

         L'Art nous accompagne tout au long de notre vie.

Pierre Bonnard a commencé l'Amandier en fleurs, son dernier tableau, au printemps 1946, et n'a eu de cesse, dit-on, de rajouter, au fil des mois, des fleurs et du blanc. Quelques jours avant sa mort, le 23 janvier 1947, à bout de forces, travaillant sur l’Amandier en fleurs, il demandera à son neveu Charles Terrasse de rectifier le vert en bas à gauche, avec du jaune d'or.

L’amandier est l’arbre du renouveau, il pourrait même s'agir d'un autoportrait du peintre lui-même selon certains historiens de l'art.

« Tu ne sais pas, leur disait-il, ce qu’est un arbre. J’en ai vu un qui avait poussé par hasard dans une maison abandonnée, un abri sans fenêtres, et qui était parti à la recherche de la lumière. Comme l’homme doit baigner dans l’air, comme la carpe doit baigner dans l’eau, l’arbre doit baigner dans la clarté. Car planté dans la terre par ses racines, planté dans les astres par ses branchages, il est le chemin de l’échange entre les étoiles et nous. Cet arbre, né aveugle, avait donc déroulé dans la nuit sa puissante musculature et tâtonné d’un mur à l’autre et titubé et le drame s’était imprimé dans ses torsades. Et je le voyais chaque jour dans l’aube se réveiller de son faîte à sa base. Car il était chargé d’oiseaux. Et dès l’aube commençait de vivre et de chanter, puis, le soleil une fois surgi, il lâchait ses provisions dans le ciel comme un vieux berger débonnaire, mon arbre maison, mon arbre château qui restait vide jusqu’au soir… »

Antoine de Saint Exupéry, Citadelle, 1948

 

Adagp, Paris 2011 © Collection Centre Pompidou, dist. RMN/ DR - Musée Bonnard, Le Cannet